Le Lac au Duc est un étang artificiel dont la création remonterait au XVe siècle et qui se situe à l’exutoire du bassin-versant de la rivière Yvel – appelée Hyvet dans sa partie costarmoricaine. 70% du bassin, qui s’étend sur 22 communes et 3 départements, est en surface agricole utile et 382 exploitations agricoles y sont installées. Si le Lac est une aire de loisirs importante pour la région, grâce à un club nautique et de nombreuses activités sur l’eau comme autour, ces eaux de surface sont avant tout une source d’eau potable essentielle pour la région. Cependant, le Lac au Duc fait face à une problématique d’eutrophisation et à la prolifération de cyanobactéries.
Ces micro-organismes algaux se développent dans des conditions de luminosité et de température élevée, dans un milieu riche en nutriments où le phosphore est l’élément limitant. En présence excessive, les cyanobactéries peuvent être toxiques pour la santé des hommes comme de la faune, gêner la production d’eau potable et mener à l’appauvrissement écologique du milieu. Ces dernières années, les efflorescences régulières de cyanobactéries dans le Lac ont perturbé fortement les activités locales : interdictions ponctuelles de la baignade estivale, de la consommation des produits de la pêche et de la chasse au gibier d’eau, augmentation des coûts des traitements de l’eau potable et des mesures curatives, impacts sur l’image du site.
L’écosystème des acteurs concerné est vaste : collectivités publiques, gestionnaire de l’eau potable, organisations de loisirs et de tourisme, secteur agricole. Plusieurs actions curatives ont été mises en place depuis années sur le lac (injection d’air dans la masse d’eau, traitement en surface au sulfate de cuivre, peignes à sédiments à l’entrée du lac, traitement au carbonate de calcium dans une zone de baignade confinée…). En parallèle, le Syndicat Mixte du Grand Bassin de l’Oust agit notamment sur l’Yvel-Hyvet dans le cadre du contrat de bassin-versant, en cohérence avec le SDAGE Loire-Bretagne et le SAGE Vilaine et par délégation des compétences GEMAPI. Le bassin-versant de l’Yvel-Hyvet, du fait de son exutoire, est classé en dispositif 3B-1 du SDAGE pour prévenir le risque d’eutrophisation du plan d’eau : à l’amont, la fertilisation en phosphore doit être équilibrée. Depuis 1991, le Grand Bassin de l’Oust mène des actions préventives (étude phosphore, point sur la pression 2010-2013, programme Breizh’Bocage, diagnostics phosphore depuis 2014, MAEC…).
Le projet CPES permet au Grand Bassin de l’Oust, appuyé par Ploërmel Communauté et le Pays de Ploërmel, de mener des études pour mieux identifier les mécanismes d’apparition des cyanobactéries en remontant en amont dans le bassin-versant. Le phosphore provient de différentes sources : le ruissellement et l’érosion des parcelles agricoles, l’assainissement, le relargage des nutriments stockés dans les sédiments du lac, d’activités à proximité directe du Lac (golf, pêche…).
Pour comprendre les flux, une étude INRA-CNRS s’attache à modéliser ces flux en identifiant les attributs critiques du paysage et des pratiques impliquées dans les pertes de phosphore à l’échelle du bassin-versant. Leurs objectifs sont d’évaluer les coûts économiques du changement et évaluer le montant des PSE, tester des scénarios de changement de pratiques et leurs impacts sur les flux de phosphore et déterminer où implanter les PSE dans le bassin-versant en implantant les réseaux de mesure permettant d’en évaluer l’efficacité.
En complément, Agrocampus Ouest, l’INRA et Sara Hernandez Consulting réalisent une étude socio-économique des coûts et bénéfices de non intervention ou de mise en place des PSE auprès des agriculteurs et des bénéficiaires et une analyse du mécanisme des PSE pour sa mise en œuvre sur le bassin-versant, dans le cadre politique et juridique binationale. Des enquêtes sont menées auprès des agriculteurs et des usagers pour mesurer l’offre et la demande de services environnementaux, révéler les coûts des pratiques agricoles et les bénéfices de la réduction des proliférations de cyanobactéires.
Enfin, l’Université de Rennes 1 met en œuvre une expérimentation sur la zone de baignade du Lac, en testant des solutions innovantes de lutte contre les cyanobactéries, dans un contexte de très forte variabilité des espèces présentes. En 2018, l’application de peroxyde d’hydrogène (H2O2) permet de détruire les cyanobactéries tout en laissant les autres espèces de phytoplancton se développer. La stratégie pour assurer la sécurité et l’efficacité environnementale est de réaliser une évaluation écologique des données existantes et des expériences en laboratoire, préalables à la mise en œuvre in situ, sous contrôle de sécurité et d’efficacité.