Le 28 novembre 2018 lors de l’atelier d’enchères avec les agriculteurs de La Vigne, Verneuil-sur-Avre.
Sur le site pilote de La Vigne, un atelier de co-construction avec les agriculteurs s’est déroulé le 28 novembre 2019, co-organisé par Eau de Paris et Sara Hernandez Consulting. Cet atelier était l’occasion de présenter le projet CPES aux agriculteurs en lien avec Eau de Paris et de leur permettre de participer à la recherche et à l’innovation sur les PSE. Il a donné lieu à des discussions enrichissantes sur les problématiques rencontrées par les agriculteurs, et a permis d’évoquer les leviers d’actions privilégiés des agriculteurs pour la réduction des fuites de nitrates (couverts végétaux, cultures économes en azote, réduction des doses).
Sara Hernandez Consulting a mis à profit ses outils de construction des PSE sur le site pilote de La Vigne, après les avoir testés sur un premier site pilote CPES (Tremblay-Omonville). Le recours à plusieurs outils de l’économie expérimentale a permis de mettre en évidence les préférences des agriculteurs dans des contextes d’incertitude et de risque, qui caractérisent l’activité agricole. Ces jeux expérimentaux ont pour objectif de comprendre les comportements des exploitants, qui est de l’ordre de l’information privée, face aux exigences environnementales, dans le but de construire des PSE jugés acceptables et suffisamment incitatifs.
Ces jeux expérimentaux, menés sous forme d’enchères, confirment en premier lieu l’importance d’une prime de risque/d’incertitude. En effet, en dessous d’un certain seuil de rémunération, les agriculteurs peuvent être réticents à fournir des efforts ou à réaliser des investissements pour préserver la qualité d’eau. L’incitation monétaire, supposée compenser le risque encouru et inciter à la contractualisation, doit alors être suffisante pour prendre en compte le risque ou l’incertitude qui résulte de l’innovation à adopter. L’hypothèse est qu’il est possible d’atteindre un seuil d’acceptabilité à partir duquel l’agriculteur, même en situation de risque ou incertitude, serait prêt à réaliser les innovations demandées. Ce seuil correspondrait à un « prix de réserve » se situant au-delà du principe du surcoût.
Ainsi, les enchères ont permis de révéler un consentement à recevoir des agriculteurs pour un changement de pratiques agricoles lié à l’atteinte d’un résultat environnemental sur la qualité d’eau (pour la mise en place de mesures de réduction des fuites de nitrates indépendamment d’autres mesures). Le système d’enchère permet alors d’initier les agriculteurs à l’évaluation juste du montant d’un PSE, pour des actions agricoles spécifiques et une durée du contrat souhaitée.
Enfin, les données résultant d’enquêtes effectuées lors de l’atelier démontrent que les agriculteurs interrogés sont sensibles à l’aspect de cohésion sur l’AAC et estiment qu’un bonus territorial serait un bon moyen d’associer un plus grand nombre d’agriculteurs sur le territoire, en vue d’un résultat significatif sur la qualité d’eau. La coordination entre acteurs et la transparence de l’information semblent être des points auxquels les agriculteurs accordent une grande importance. Ces résultats pourront ainsi être utiles pour la suite de l’expérimentation et pour continuer les réflexions sur les PSE, notamment dans le cadre de la prochaine PAC.